8/4/2025
Métiers du sport
Dans la grande famille du sport associatif, tout le monde met la main à la pâte. Bénévoles dévoués dont trésorier au bord de la crise de nerfs et président·e multitâche qui jongle entre la gestion de l'infrastructure, la demande de subventions, et l’arbitrage d’un conflit entre deux U11… On connaît la chanson. Mais vient un jour où, face à la croissance de l’activité ou à la lassitude des bonnes volontés, une idée s’impose : et si on embauchait ?
Oui, embaucher dans une association sportive, c’est un petit tournant. Une forme de professionnalisation. Une étape charnière entre la passion brute et la structuration durable. Mais comme souvent dans le sport amateur, les bonnes intentions peuvent vite se heurter à un mur de contraintes, de subtilités juridiques, et de surprises budgétaires pas franchement drôles.
On décortique ça ensemble : les avantages réels d’un salarié dans une asso, mais aussi les pièges qu’il vaut mieux éviter quand on passe la seconde.
Commençons par balayer une idée reçue : embaucher, ce n’est pas "se débarrasser du boulot". C’est surtout structurer une activité, la pérenniser, et éviter que tout repose sur la mémoire du coach ou l’agenda surchargé du secrétaire du bureau.
Voici quelques raisons solides d’embaucher dans une asso sportive :
Un salarié, c’est un référent stable. Quand les bénévoles changent, partent ou lèvent le pied, lui reste. Il assure la continuité, la cohérence, et souvent, la qualité de service. Cela devient essentiel quand le club grossit : plus de licenciés, plus d’événements, plus de paperasse… et des attentes plus hautes.
Recruter un salarié expert permet de professionnaliser l’activité et de faire monter en compétence les bénévoles sur ces sujets.
Les tâches administratives sont chronophages. Relevés, licences, demandes de subventions, convocations, plannings, remboursements, relation avec la mairie… La liste est longue. Déléguer cette partie à un salarié, même à temps partiel, permet aux dirigeants bénévoles de gagner du temps, en toute sérénité, et parfois, de rester tout court.
Certaines associations embauchent pour monter en gamme : créer une section féminine, proposer du sport santé, développer une offre pour les scolaires ou les entreprises locales… Ces projets demandent du temps et des compétences. Sans salarié, on tourne vite en rond.
Avec un salarié, on avance plus vite et on va plus loin.
Contrairement à ce que l’on pense, embaucher n’est pas toujours un gouffre financier. Certaines aides à l’emploi (contrat PEC, aides de l’ANS, fonds d’État ou territoriaux) sont conditionnées à l’embauche. Et pour les obtenir, il faut… un salarié. Le serpent qui se mord la queue, mais version optimiste.
Erreur classique : on embauche sans fiche de poste claire, sans savoir qui fait quoi, ni comment on l’évalue. Résultat ? Le salarié est perdu, les dirigeants aussi, et l’ambiance peut virer vinaigre. Une embauche, c’est un projet d’équipe. Il faut le penser, le partager, l’assumer et l'appliquer.
Une association n’est pas au-dessus des lois. Dès qu’elle salarie, elle devient employeur au sens du Code du travail. Ce qui implique :
👉 contrat de travail formel
👉 affiliation à l’URSSAF
👉 déclarations sociales
👉 respect du droit du travail (temps de travail, congés, rémunération, etc.)
Et bien sûr, l’application de la Convention Collective Nationale du Sport (CCNS) dans 99 % des cas. C’est cette convention qui fixe les minimas salariaux, les classifications de poste, ou encore les règles de rupture du contrat.
Un bon conseil : se rapprocher de la bonne personne. SPK Pulse vous propose une formation sur-mesure, calquée sur votre environnement, pour bien faire ces choses et maîtriser l'embauche d'un salarié au sein de votre asso.
On parle d’un coût employeur, pas du salaire brut seul. En 2024, pour un salaire brut de 2 000 € mensuels, le coût réel pour l’association tourne autour de 2 600 €, charges comprises.
À cela s’ajoutent potentiellement :
– le coût lié à l'intégration
– les frais de formation
– le matériel de travail
– les indemnités de transport
– les congés payés, les absences maladie
Un salarié, c’est un engagement économique. Et mieux vaut éviter l’effet boule de neige si les subventions tardent ou s’évaporent.
Embaucher ne signifie pas faire de l’asso une PME. Il faut préserver l’équilibre entre gouvernance bénévole et pilotage salarié. Le salarié doit être cadré, mais aussi intégré, valorisé. Il doit savoir à qui il rend des comptes, mais aussi pourquoi il bosse dans une asso et pas dans une boîte de com’.
Une mauvaise articulation des rôles peut vite générer tensions, frustrations… et démissions (de part et d’autre).
📌 le CDI : sécurisant, mais à manier avec prudence, surtout pour une première embauche. Il faut s’assurer d’avoir des ressources stables.
📌 le CDD d’usage (CDDU) : très utilisé dans l’événementiel ou les clubs employant des éducateurs de manière ponctuelle. Il est souple mais encadré (articles L1242-2 et suivants du Code du travail).
📌 le contrat aidé (PEC, CAE, emploi franc) : sous conditions. Il permet d’alléger le coût de l’embauche pendant les premiers mois. Il faut bien monter le dossier et surtout anticiper la suite : que fait-on à la fin de l’aide ?
📌 le temps partiel annualisé : pratique pour des activités sportives concentrées sur certaines périodes. Attention aux règles spécifiques (avenants, modulation, etc.).
Se pose ensuite la question du temps de travail à définir. Peut-on opter pour le temps partiel annualisé ? C’est pratique pour des activités sportives concentrées sur certaines périodes mais attention aux règles spécifiques (avenants, modulation, etc.).
✅ Co-construire la fiche de poste avec l’équipe bénévole
âś… Anticiper le budget sur 2 Ă 3 ans minimum
âś… Se faire accompagner đź‘€ Formation SPK Pulse "Droit du travail pour les associations sportives"
✅ Intégrer le salarié dans la vie du club (événements, AG, etc.)
✅ Prévoir un suivi régulier (réunions, bilans d’activité)
Car oui, faire le choix d’embaucher, c’est aussi dire quelque chose de son projet associatif. C’est reconnaître que le sport mérite des professionnels, que le bénévolat ne peut pas tout, et que l’on veut inscrire son club dans la durée.
C’est un pari sur l’avenir. Et comme tout pari, il suppose un peu de prudence, pas mal d’anticipation, et beaucoup de sens collectif.